Nouvelle année, nouveau moi... Quand les résolutions ne sont pas bonnes pour nous.
- noahoareau
- 12 janv.
- 6 min de lecture

À l’approche du nouvel an - et même une fois celui-ci passé -, on voit pulluler sur les réseaux sociaux les bonnes résolutions à adopter, des modes d’emploi pour s’assurer un glow up physique et mental, les habitudes à laisser derrière nous… Ce rituel annuel de “new year new me” nous amène inexorablement à faire une introspection sur l’année qui vient de s’écouler et force est de constater que certains de nos objectifs ont à peine vu le jour. Dès lors, on est pris de remords, de culpabilité et de rancœur envers nous-mêmes en se reprochant de ne pas avoir été régulier ou de s’y être prit trop tard. Mais pourquoi continuons-nous de reprendre les mêmes résolutions le 31 décembre suivant ? Pourquoi n’arrivons-nous pas à nous y tenir ? Comment briser ce cercle vicieux et arrêter d’entasser ces carnets de “glow up” qu’on abandonne après la page de garde ? Pour bien commencer cette nouvelle année, on va déconstruire la tradition des bonnes résolutions en s’intéressant plutôt aux progrès déjà réalisés et en abolissant le mythe de la “nouvelle année, nouveau moi”.
Une question pertinente à se poser avant même de dresser sa liste de bonnes résolutions est : pourquoi pensons-nous que le 1er janvier est un point de départ magique au changement ? Pourquoi avons-nous besoin de nous repérer à cette date pour devenir une meilleure version de nous-mêmes ?
Le problème avec les résolutions est qu’elles sont à appliquer dès la nouvelle année entamée. C’est-à-dire qu’une fois le 31 décembre achevé, un compte à rebours imaginaire se lance dans notre esprit, pour nous motiver à réaliser nos objectifs. Le 1er janvier est souvent vu comme le moment idéal pour repartir à zéro, impression marquée par la symbolique du chiffre 1 sur le calendrier qui laisse penser que les erreurs de l’année précédente sont effacées. Cette frontière nette, presque palpable, entre le “avant” (le 31 décembre) et le “après” (le 1er janvier) donne l’illusion d’une page qui se tourne, laissant place à une immensité de possibilités qui n’attendent que d’être écrites. Comme sur un tableau blanc dont on viendrait d’effacer les traces de feutre, ce moment marquant un début augmente la motivation temporaire. De plus, les résolutions fixées le 1er janvier alimentent cette illusion de contrôle sur notre avenir. L’année ne fait que débuter mais nous avons l’impression d’être maître de ce qui va arriver, nous rassurant de fait face à l’incertitude et aux déceptions. Mais il faut garder à l’esprit que le calendrier est arbitraire : rien ne distingue fondamentalement le 1er janvier d’un autre jour.
La journée s’écoule sur 24 heures, le soleil se lève et se couche comme à son habitude, la Terre effectue une rotation sur elle-même… Bref, le 1er janvier est un jour comme les autres.
De fait, il faut encourager une approche plus continue du changement, visualiser chaque jour comme une opportunité à un nouveau départ ou plus simplement à une amélioration de ce qui existe déjà. En voulant appliquer nos bonnes résolutions le plus tôt possible, nous ne laissons pas de place à un temps d’adaptation. Faire preuve de régularité paraît mission impossible ; nous nous en voulons de ne pas réussir à nous réveiller trois jours de suite à 6 heures du matin alors qu’avant cette résolution nous sortions du lit à midi minimum… Il est essentiel d’appliquer progressivement nos bonnes habitudes, de ne pas minimiser l’effort réel que nécessite une transformation durable et de considérer son évolution avec bienveillance.
Chaque jour est une opportunité pour s’améliorer : mettre en place des micro-habitudes plutôt que viser de grands changements d’un coup aidera fortement à ne pas perdre notre motivation (le livre Un rien peut tout changer de James Clear en parle parfaitement bien).
Une autre raison à ces carnets qu’on abandonne après les avoir achetés, des inspirations Pinterest plein les captures d’écrans, est qu’en réalité nous manquons de motivation intrinsèque. A contrario de faire quelque chose pour nous, nous choisissons des résolutions pour l’image sociale. Nos objectifs ne s’alignent plus comme avant avec nos propres convictions et ambitions. Par exemple, nombreuses sont les résolutions axées sur l’apparence et le physique ; se mettre au sport, perdre du poids, se débarrasser de l’acné, faire pousser ses cheveux… Toutefois, bien souvent ces objectifs sont en réalité des aspects de nous-mêmes que nous souhaitons changer pour correspondre à ce que nous voyons ailleurs, pour ressembler à ces personnes auxquelles nous nous comparons. Par conséquent, la dissonance entre transformation personnelle et conformisme aux attentes de la société est importante. Je ne dis pas que nous prenons forcément des résolutions pour plaire aux autres ou qu’il faut justifier nos objectifs. Chacun est libre d’avoir sa propre force motrice. Mais il est important de réfléchir à deux fois à la raison derrière chacune de nos résolutions.
Pourquoi cet aspect de moi me pose problème ? En quoi changer ou améliorer ce point va m’être bénéfique ?
Dissocier les objectifs superficiels (qui ne sont ni profonds ni essentiels) de ceux spécifiques à nos besoins et nos envies permettrait de s’accepter davantage tel que l’on est. Il faut rester ouvert à l’amélioration naturelle, à celle qui se réalise lorsque nous laissons les expériences et les rencontres forger notre personnalité. Finalement, l’évolution se fait en continu, que nous ayons de grandes résolutions ou non.
En s’intéressant aux motivations derrière nos résolutions, on constate donc que l’écart entre nos ambitions à long terme et notre capacité à changer nos habitudes est important. On remarque aussi que nous voulons obtenir les choses rapidement, résultant en des objectifs vagues ou irréalistes et en une absence de plan concret pour mettre en œuvre le changement. On culpabilise au bout d’une semaine de ne pas avoir été régulier dans nos séances de sport, on s’en veut d’avoir succombé à une clope après avoir promis que la précédente était la dernière, on se dit qu’un énième fast food ne va pas nous tuer après s’être lancé comme résolution une alimentation saine…
Et si on arrêtait de vouloir “changer” drastiquement ? Et si, au lieu de se lancer dans des résolutions, on choisissait plutôt des réflexions personnelles qui nous aideraient à comprendre qui nous sommes, ce que nous désirons, nos émotions ?
Parce qu’il faut admettre qu’entreprendre de grandes transformations peut entraîner du stress. Bousculer nos habitudes et repenser notre quotidien dans le but d’atteindre un point spécifique peut paraître vertigineux au point que nous ne réalisons plus les efforts déjà accomplis. De fait, il faut ré-apprendre à célébrer les progrès déjà réalisés au lieu de toujours se fixer de nouveaux objectifs. Il faut aussi apprendre à apprécier la stabilité, démystifier la routine de son image de prison pour mieux reconnaître la sécurité qu’elle nous offre. Si parfois nous avons le sentiment que rien ne change, rien n’évolue, ce n’est pas forcément pour le pire. Cela nous laisse davantage de temps pour profiter de ce que nous avons déjà. Si tout allait trop vite, et que nous changions sans cesse du jour au lendemain, alors à quel moment pouvons-nous apprécier nos efforts ? À quel moment avons-nous le temps de réfléchir à la direction que prend notre transformation, à l’alignement entre nos choix et nos convictions ? Avec les réseaux sociaux et la multiplication des “success story” dans les journaux, la joie auparavant trouvée dans le processus de l’effort s’est complètement perdue. Désormais, il semble que nous ne trouvons de la satisfaction uniquement dans le résultat final, sans prêter attention à toutes les petites choses positives qui ont contribué à cette issue. Il est essentiel de repenser le sens de l’effort et de l’accomplissement. De plus, pour éviter un burn-out et un abandon trop tôt de nos objectifs, il faut se débarrasser de la notion de perfection. Rien ne peut être parfait, autant le chemin que nous prenons pour arriver à nos objectifs que le résultat en lui-même. Une fois qu’on a compris que le plus important dans l’amélioration de soi était ce que nous tirions de nos expériences, le processus devient davantage agréable car il ne s’agit plus d’une course. Enfin, il faut accepter que la vie est cyclique : ce n’est pas grave de reprendre certains objectifs chaque année.
Alors, rituel culturel ou piège récurrent ? Les bonnes résolutions nous suivent d’années en années, comme les marqueurs de notre éternelle insatisfaction envers nous-mêmes. Souvent oubliées dès le mois de février entamé, les résolutions ont pour but de dresser des lignes directrices dans notre année et dans nos projets, avec au bout de celles-ci nos objectifs finaux.
Malheureusement, toujours en quête de faire mieux et de viser plus haut, nous avons tendance à définir des objectifs vagues, irréalistes ou même complètement éloignés de nos valeurs et désirs. Si se fixer des points à atteindre contribue sans aucun doute à nous motiver, le problème avec ce mythe de “nouvelle année, nouveau moi” est qu’il aborde le changement de façon drastique et non continue. Finalement, les résolutions devraient être considérées tels des objectifs comme les autres, à mettre en place à notre rythme et toujours en alignement avec nos convictions et nos ambitions.
Dis moi en commentaire si tu as pris des résolutions cette année et comment tu mets en place ces changements !

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