Quand notre humeur fait du yoyo : les coups de mous
- noahoareau
- 12 déc. 2023
- 7 min de lecture

Il y a des moments comme ça dans la vie où l'on se sent au plus bas. Nos émotions négatives nous entraînent vers le fond et notre motivation et notre joie de vivre sont perdues en route. Et puis, comme l'expression qui parle du soleil après la pluie, on finit par retrouver l'énergie et le sourire en oubliant presque notre désespoir de la veille. Ces moments de down, on les appelle les coups de mous. Ou le mental breakdown, le cafard… Comme la courbe faite par des montagnes russes, nos états passent souvent d'un extrême à un autre, du sommet au plus bas. On parle dans cet article de ces coups de mous, ces moments où l'on ne trouve pas de sens à la vie et où nos émotions prennent le dessus sur nous.
Pourquoi fait-on du yoyo émotionnel ? Comment sortir de cette courbe qui ne cesse de monter et descendre ?
Tout d'abord, le plus important avant de savoir comment ne plus avoir de coups de mous (spoiler : c'est impossible) est de se demander pourquoi les a-t-on ? Quelle est leur source ? Si on voit les coups de mous comme un problème, alors il faut reconnaître qu'ils sont causés par quelque chose, ils prennent racine quelque part. Et cette origine, quelle qu'elle soit, nous touche au point de nous mettre dans tous nos états. Il est donc important de retrouver la source. Celle-ci peut être variée et arrivée de presque n'importe où :
De nos hormones, avec la prise de pilule, le passage à l'adolescence, le cycle menstruel, la manifestation de nos désirs… Ou, plus généralement, de notre corps et ses aléas.
D'un stress ; scolaire, professionnel ou social. Le stress entraîne une désorganisation dans notre esprit, une sorte de chaos où l'on se sent plus fragile, sur les nerfs presque au bord du craquement. Essaie de te visualiser le stress comme une pelote de laine entièrement déroulée. Au fur et à mesure que les choses s'accumulent, cette pelote prend forme, elle s'enroule sur elle-même en superposant problèmes sur problèmes. Jusqu'à ce qu'elle ne forme plus qu'une masse compacte : notre boule de stress. Dense, difficile à défaire et à en retrouver l'origine, elle finit par se dérouler brusquement et c'est là qu'arrive le coup de mou ou la crise.
De nos déceptions. Être déçu de quelque chose ou de quelqu'un nous donne le sentiment d'être nul. On se remet donc en question, en se demandant pourquoi ce qui est arrivé nous est arrivé, à nous en particulier.
De notre mal-être. Il peut être physique, soit une sensation de mal-être dans sa peau et où les coups de mous sont réguliers car l'insatisfaction face à son image revient souvent. Notre mal-être peut aussi être mental avec le sentiment d'être perdu dans sa vie, de ne pas faire les bons choix…
Tous ces points ne sont que des exemples d'origines à nos coups de mous. Il en existe en réalité une multitude, qui dépend de nos attentes et de notre vision de la vie. Les exemples donnés plus hauts ont toutefois un point commun : ce sont des facteurs internes, des choses sur lesquelles on a plus ou moins le contrôle. Toutefois, il ne faut pas se dire que les coups de mous ne sont que liés à des événements sur lesquels on a une influence. En effet, on aura tendance à mettre de côté les facteurs extérieurs comme cause à nos mental breakdown, alors qu'ils sont tout autant importants.
La météo, la situation mondiale, l'environnement dans notre lieu scolaire ou professionnel, le fait que notre équipe préférée ait perdu… Ces facteurs ne sont pas négligeables.
Ils peuvent avoir un impact sur nous aussi puissant que les facteurs internes.
Et il n'y a pas de honte à reconnaître que la raison à notre déprime est le fait qu'il fasse -2 dehors.
Parfois, les coups de mous arrivent de façon plus anodine ou juste aléatoirement, car la vie peut aussi être monotone. Mais c'est en identifiant la cause à tes moments de down que tu pourras plus facilement t'en remettre. Car en reconnaissant ce qui te met mal, tu relativises ainsi sur l'ampleur et l'importance que tu accordes à cette situation. Dans mon cas, j'ai toujours détesté l'inactivité. Dès que je n'avais rien à faire, je me sentais mal et mon humeur était morose. Pourtant, je ne voulais pas reconnaître que c'était à cause de mon désir d'être toujours occupée que j'avais le cafard. Je mettais la faute à ma déprime sur la météo ou d'autres facteurs qui, en réalité, m'importaient peu. Il m'a fallu du temps mais j'ai finalement pris conscience que mes coups de mous étaient bien liés à mon obsession pour l'activité. Quand j'ai réalisé cela, j'ai cessé petit à petit d'avoir peur de l'inactivité parce que je savais qu'en la redoutant, elle ne ferait qu'empirer et donc aggraver ma déprime.
En trouvant ce qui te mine le moral, tu vas parallèlement dédramatiser cette chose et apprendre à la laisser couler, à ne pas te toucher plus qu'elle ne le devrait.
Reconnaître ce qui te déprime est difficile mais nécessaire pour apprendre à passer au-dessus.
Maintenant que tu as mis le doigt sur ce qui ne va pas, pose-toi. Car, naturellement, on aura tendance à vouloir se débarrasser de ce qui nous met mal une fois qu'on l'a identifié. Évidemment, nous avons tous envie d'avoir des journées incroyables, où il ne nous arrive que des bonnes choses et où, le soir avant d'aller se coucher, on a un grand sourire sur le visage en repensant à tout cela. Toutefois, pour atteindre ses moments d'harmonie et de paix, il faut accepter que ça prenne du temps de sortir de ces montagnes russes émotionnelles. Accepter que tout ne s'arrange pas du jour au lendemain et que, bien souvent, on finit par retomber au plus bas de la courbe. Pourtant, il n'y a pas de mal à ça. Éprouver ces émotions négatives est aussi, d'une certaine façon, rassurant. Car elles nous rappellent à quel point nos corps sont réactifs, ce qui prouve que nous sommes vivants et bien animés d'une énergie.
Se sentir mieux prend du temps, et il y aura plus d'une rechute.
Toutefois, il ne faut pas voir cela comme des échecs dans ta quête du bonheur constant.
Parce qu'être heureux tout le temps, c'est refuser d'admettre qu'il y a des choses qui nous énervent ou qui nous rendent tristes. Et donc refuser d'admettre qu'on peut ne pas aller bien. De fait, on s'impose nous-même une pression d'être toujours au meilleur de notre forme ce qui entraîne inévitablement des coups de mous beaucoup plus dévastateurs. Il ne faut pas te dire que tu as fait trois pas en arrière parce que tu as pleuré un jour, alors que les jours précédents tu étais heureux. D'une part, parce qu'il n'y a pas de progrès à faire sur son moral. Notre moral n'est pas une compétence que l'on travaille afin qu'elle soit toujours au maximum, c'est-à-dire dans un état de bonheur. Notre moral est sujet à des variations et c'est normal. D'autre part, si la notion de progrès s'appliquait à nos émotions, il faut se dire qu'il ne serait pas linéaire. Au contraire, le progrès est instable et propre à chacun.
Avoir un mental breakdown dans une semaine alors que la semaine d'avant, tout aller bien, ne signifie pas avoir régresser.
Parce qu'on ne va pas se mentir, parfois on a bien besoin de pleurer un bon coup, de dire à tout le monde d'aller se faire voir et de s'enfermer comme un ermite.
Respire, prends ton temps et rends-toi compte du chemin que tu as déjà parcouru. Il est important que tu remettes les pendules à l'heure, que tu fasses le point avec toi-même : tu as le droit d'avoir des moments de faiblesse, tu ne seras pas constamment heureux tout comme tu ne seras pas constamment triste. Focalise-toi sur comment bien repartir après un coup de mou, bien te relever et relancer ton moral. Mais garde en tête qu'il y en aura d'autres et que ce n'est pas grave car ils font partie de ton évolution.
Enfin, un dernier point qu'il faut comprendre avec les coups de mous est qu'on a tendance à en rajouter. Tendance à s'enfoncer nous-mêmes dans un trou, en ajoutant à notre déprime toutes les autres problèmes qu'on a, qui ne sont pourtant pas nécessairement la cause originale. En effet, comme dans une grande marmite, on jettera à notre esprit lors d'un moment de down toutes les autres choses qui nous tracassent.
Je suis triste parce qu'il fait moche.
Et j'ai plus d'argent sur mon compte.
Et je n'aime pas ma tenue aujourd'hui.
Et je me suis embrouillée avec un ami.
Et je m'ennuie dans mes cours / mon travail.
Et j'ai…
Respire. Identifier la source de tes coups de mous, c'est bien. Mais tu n'as pas les épaules d'un bodybuilder alors inutile de t'en rajouter. De superposer problème sur problème jusqu'à s'écrouler sous le poids de tes tracas. L'accumulation de ces derniers peut vite devenir oppressante et t'emporter dans un gouffre profond où tu ne vois plus la sortie. Prends les choses une par une, chaque chose en son temps. Tu ne peux pas tout traiter d'un coup, et tu n'arriveras peut-être même pas à traiter une chose à la fois. Mais ce n'est pas grave, car le plus important est que tu allèges tes épaules afin de respirer, malgré la déprime. Avoir un coup de mou ou un mental breakdown peut te donner la sensation d'étouffer ou de te noyer sous les émotions. Alors, plutôt que de chercher la petite bête et en rajouter sur ton mental, fais le tri entre ce qui est important à l'instant T, ce qui ne l'est pas et ce sur quoi tu as le contrôle. En répartissant tes soucis dans différentes cases, tu y verras plus clair dans ce tourbillon d'émotions négatives et tu sortiras la tête de l'eau. Parce qu'il faut que tu gardes en tête que tu es humain, tu as des limites.
Les coups de mous sont, comme leur nom l'indique, passagers bien que parfois récurrents. Ils nous prennent souvent par surprise alors que l'on pense allait bien et nous donnent la sensation de tomber au fond d'un gouffre. Il faut comprendre qu'il n'y a pas de remède miracle à la déprime. Toutefois, ces moments de down ne doivent pas être perçus comme insurmontables et surtout, ne doivent pas prendre plus d'ampleur que celle qu'ils ont en réalité. Tu auras beaucoup de mal à mettre le doigt sur la cause de tes coups de mous alors que bien souvent elle sera anodine comme la météo ou une mauvaise note. Mais une fois identifiée, ne te surmène pas : le plus gros est déjà fait. Comprends pourquoi ce facteur te touche, comment il est arrivé et demande-toi si tu peux y faire quelque chose. Mais garde en tête que tes épaules ne sont pas faites pour supporter toute la misère du monde et qu'il est normal de craquer de temps en temps.
Dis moi en commentaire ce que tu fais pour aller mieux !

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