Seule dans mon 20m²
- noahoareau
- 7 sept. 2023
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 14 sept. 2023

Ça y est. Tu vas pouvoir te la jouer Valérie Damidot dans ton nouveau chez toi. Le cocon familial est désormais du passé, te voilà locataire d'un 20m², prêt à organiser toutes ses soirées que tes parents avaient refusé. Mais en dehors de l'indépendance et la liberté que procure la vie seul.e, l'acclimatation à ce nouveau chez-soi peut être difficile. Ne plus être dérangé par ton frère qui entre dans ta chambre sans toquer, tes parents qui t'appellent pour les aider à réparer le wifi alors qu'il faut juste éteindre la box, le bruit de l'aspirateur le samedi matin quand tu rentres de soirée… Ça t'as longtemps fait rêver et t'y voilà. Seul.e dans ton 20m².
Comment s'y faire ? On parle aujourd'hui de ce passage tumultueux à la vie seul.e après avoir passé 18 ans dans le nid familial.
Quand j'ai passé ma première nuit dans mon nouveau chez-moi (un studio de 20m² sous les toits), j'ai cru qu'il était hanté. Des baoum, des crac, des pchhh… Tous les bruits possibles et imaginables tout droit sortis d'un film d'horreur. Et pourtant, les seules choses dans la pièce étaient des cartons et des valises. Les nuits suivantes, c'était pareil. Jusqu'à ce que je réalise que tout ça était dans ma tête. Je faisais tellement une fixette sur le fait que je vivais maintenant seule que je me prenais la tête sur tout. La différence avec la vie en famille est là : dans ton inconscient, quand tu es dans ta chambre d'ado et que tu entends un bruit, tu n'y prêtes pas beaucoup d'attention car tu sais que d'autres personnes sont dans la maison. Mais seul.e dans ton studio, ces mêmes bruits te font psychoter comme si quelqu'un s'introduisait chez toi. Et c'est valable pour presque tout.
De la vaisselle à faire ? Les parents la feront plus tard. Un petit creux ? Les courses viennent d'être faites. La poubelle est pleine ? Quelqu'un finira par la sortir.
Je ne dis pas que lorsqu'on vit avec sa famille, on ne fait aucune tâches ménagères. Seulement, c'est une fois qu'on a quitté le nid, qu'on réalise que la vie seul.e, c'est beaucoup plus que simplement avoir ses affaires qui trainent et personne pour nous demander de mettre la table. Ça peut faire bizarre d'avoir subitement autant de responsabilités. Ça fait peur même. Et les premières semaines sont souvent celles où l'on se dit qu'on ne verra jamais le bout. Mais il faut se dire que c'est une étape de passage, que comme tous les grands changements dans ta vie, l'acclimatation au début est la phase la plus dure avant de trouver ses marques et son rythme de vie.
À l'école, on ne nous apprend pas à gérer les papiers, les fuites d'eau ou encore une ampoule grillée. Et lorsque ça nous arrive pour la première fois, c'est déboussolant et ça nous dépasse. Puis on finit par le faire une fois, deux fois, cinq fois… Et le tracas que tu avais au début pour ces petites choses ? Disparu.
On ne va pas se le cacher, il y aura tout de même des choses plus dures à surmonter que simplement lancer une machine à laver. Sur le plan mental et émotionnel, se retrouver seul avec soi-même, c'est drainant. Personne à qui parler, manger son repas avec comme seul bruit de fond une vidéo youtube trouvée à la va-vite… Il n'y a plus cette entourage pour, comme dans les Sims, remonter notre jauge sociale jusqu'à ce qu'elle soit dans le vert. Bien sûr, aujourd'hui il y a les réseaux, les appels vidéos, etc… Mais les moments de solitude ne se comblent pas avec un texto et un emoji. Quand tu rentres chez toi, épuisé.e par ta journée et qu'il n'y a personne pour t'accueillir avec un petit plat, ça fait mal au cœur.
Ce qu'il faut que tu gardes en tête dans ces moments-là, c'est qu'il te reste toi-même : la personne qui te connaît le mieux, qui sera toujours là et avec qui tu as déjà surmonté tous ces coups de mou.
Comme disait le rappeur Luidji, « Je suis mon psy, mon propre médecin ». Et bien, c'est pareil pour toi. Pose à plat tes pensées, ce qui te tracasse ou te mine le moral… Vivre seul.e, c'est être en compagnie de soi-même au quotidien. Ça peut faire peur, surtout dans les moments durs, mais c'est la meilleure occasion pour réajuster ses pensées et ses émotions sans le brouhaha familial. Et aussi passer son temps à faire la vaisselle. Sérieusement, comment un repas pour une personne donne autant de vaisselle à faire ? Si tu es trop dur avec toi-même, tu finiras par perdre ta motivation ou te sentir abandonné. Laisse-toi le temps de découvrir cette nouvelle vie et d'en apprécier toutes les facettes, bonnes comme mauvaises.
Ce n'est pas parce que maintenant que tu vis seul.e, tu dois tout savoir et être toujours au top.
Après le premier mois dans mon studio, j'avais l'impression de tourner en rond avec la peur de passer à côté de tout. Quand j'étais chez mes parents, j'avais envie de commencer pleins d'activités mais j'étais toujours interrompue. Seule chez moi avec du temps libre à tuer, ces mêmes activités ne voyaient toujours pas le jour. Je me fixais des plannings pour le lendemain puis je me réveillais tard avec la culpabilité de ne pas m'y être tenue. J'ai eu un déclic quand j'ai arrêté de voir ces activités comme un moyen de tuer le temps seule mais plutôt comme une opportunité de découvrir des passions sans être interrompue.
En prenant conscience que j'étais libre d'aménager ma journée comme je le souhaitais et que c'était OK de ne pas avoir tout le temps quelque chose à faire, j'ai commencé paradoxalement à faire plus de choses.
Parce que j'écoutais mes envies et je n'étais plus bloquée sur l'idée de "rentabiliser" mon temps libre. Apprends à accepter de ne rien faire, de t'allonger sur ton canapé (parce que c'est le seul meuble dans la pièce) et voir ton nouveau chez-toi comme un lieu où tu décides de ce qui sera fait dedans, selon tes envies.
Alors voilà, tu passeras sûrement ton temps à redécorer et déplacer les quelques meubles pour donner l'impression d'avoir plus d'espace. Tu te sentiras seul, libre, stressé, créatif… Le plus important dans cette nouvelle vie est de profiter de cette occasion pour te retrouver et faire ce dont tu as envie. Peut-être que tu auras plus de coup de mou que lorsque tu vivais dans ta chambre d'ado, mais ça ne veut pas dire que tu es incapable de vivre seul. Ça prend du temps de devenir ami avec soi-même et d'accepter sa présence au quotidien.
Ton nouveau chez-toi est le reflet de tes pensées, l'endroit où tu passeras du temps à tout analyser, aussi bien la décoration que ta vie. À toi d'y trouver tes repères et d'en faire ton cocon personnel.

Merci pour tes conseils, je vis mon premier emménagement seule et je suis tellement contente d'être tombée sur ton compte !
Quelle maturité, quel recul, ma fille ! Tu grandis trop vite...mais j'adore tellement la jeune femme que tu deviens ! 💓